Bâtir un syndicat moderne – Partie IV : Instaurer la solidarité… une tâche bien difficile !

La Fédération du Service civil (FSC) ne fonctionnait pas comme un syndicat. Son nom en disait long : il s’agissait d’une fédération d’associations. L’un de ses principaux rôles consistait à aider les petites associations locales à se regrouper pour devenir plus grandes et ainsi présenter un front uni face au gouvernement.

En 1941, les opérateurs et opératrices radio du ministère des Transports créèrent la ‘Canadian Communication Union’ (non traduit en français à l’époque). Tout au long de la décennie, nombre d’articles de journaux traitant des salaires avec le gouvernement firent mention d’eux et elles. En mai 1945, son millier de membres vota en faveur du déclenchement d’une grève, même si celle-ci était illégale. Cela sembla avoir fonctionné car quelques jours plus tard, le syndicat annonça avoir obtenu des augmentations salariales de 150 à 280 $ par an pour les opérateurs/opératrices. Ce sont des groupes comme celui-ci qui ont constitué l’épine dorsale de la Fédération du Service civil.

En 1945, la FSC organisa la première réunion de la Dominion Canal Employees Association à Peterborough, en Ontario. Les participant(e)s, venant des associations de Chambly, de l’Office des canaux du Québec, du canal Rideau, du canal maritime Trent et Welland et du canal de Cornwall, avaient uni leurs forces pour créer une nouvelle organisation à partir des nombreuses petites associations. Dans les années qui suivirent, le personnel des canaux de Sault, Cardinal, Williamsburg et Lachine se joignit à eux.

L’année suivante, la FSC tenta de rassembler les associations d’employé(e)s éparpillées dans les divers ports pour créer la National Association of National Harbor Broad Employees. Montréal, Québec, Prescott et Port Colborne furent les seuls membres à y participer, laissant les autres endroits avec des associations locales d’employé(e)s, si tant est qu’il en exista. Instaurer la solidarité ne fut pas une mince tâche !

En 1949, l’Association du service civil météorologique, qui représentait les employé(e)s de la Division météorologique de la Direction des services de l’air du ministère des Transports, adopta un nouveau nom pour devenir l’Association des services du transport aérien, et ouvrit ses rangs à tout le personnel de la Direction des services de l’air, y compris les employé(e)s qui travaillaient à l’extérieur d’Ottawa. Elle devint la championne de l’établissement d’une Commission fédérale d’appel. À l’instar de nombreuses associations d’employé(e)s qui n’avaient pas le pouvoir de négocier collectivement, elle géra des institutions telles qu’une caisse de crédit pour les membres et un régime d’assurance médicale.

Lors du congrès de 1952 de la FSC, les membres demandèrent une semaine de travail plus courte par le truchement de la suppression de l’obligation de travailler le samedi matin. En outre, ils voulurent le droit de négocier et réclamèrent l’unité de toutes les associations. L’année 1952 fut également marquée par le 45e anniversaire de la fondation de l’Association du service civil d’Ottawa, mais l’unité était sur le point de prendre un coup !

Tout n’allait pas bien au sein de la Fédération en raison de conflits de compétence entre l’ASCC et d’autres associations ministérielles. L’ASCC syndiquait tous/toutes les employé(e)s de la région de la capitale, comme elle le faisait depuis sa fondation en 1907. Son activité dérangeait de nombreuses organisations départementales qui lui en voulaient d’agir ainsi. Le problème ne pouvant être résolu, l’ASCC déclara qu’elle envisageait de se retirer de la FSC. Mais avant même de passer à l’action, elle en fut expulsée en mars 1954. L’organisation qui, en 1909, avait rassemblé des associations de tout le pays pour former la Fédération n’en faisait plus partie, se retrouvant, avec ses quelque 10 000 membres, indépendante de la FSC !

Et pourtant, les membres de la base n’avaient cessé d’adopter des résolutions portant sur l’unité. Dès 1945, les conseils régionaux de la FSC souhaitèrent une fusion, mais les dirigeant(e)s des quelque 70 associations n’y furent pas favorables. L’année précédant l’expulsion de l’ASCC, les délégué(e)s de la FSC votèrent à 100% pour un syndicat unifié au sein du gouvernement. La même chose fut recommandée cinq mois plus tard au congrès de l’ASCC, les discussions et motions ne débouchant toutefois pas sur des mesures concrètes. Les choses restèrent en l’état.

Alors que la plupart des personnels de la fonction publique fédérale voulaient un syndicat unifié et des lois qui incluaient le droit de négocier collectivement, le gouvernement ne voyait pas les choses de la même façon. En 1953, le premier ministre Saint-Laurent rejeta d’emblée la négociation collective dans la fonction publique. Les fonctionnaires ressentir bien de la frustration alors qu’ils et elles essayaient d’obtenir une semaine de travail de 5 jours et de 37 ½ heures. Ils et elles rêvaient même d’être payé(e)s en heures supplémentaires pour le travail au-delà de 40 heures.

Les associations poursuivirent leur lutte, ne serait-ce qu’individuellement, en faisant avancer les dossiers sur le lieu de travail lorsqu’elles le pouvaient. Les droits des femmes en sont un exemple. En raison des pressions exercées par la FSC, les député(e)s et les associations, le gouvernement annonça en 1955 qu’il examinerait la possibilité d’embaucher des femmes mariées et de laisser celles qui le sont conserver leur emploi. Une interdiction légale avait été mise en place, sauf pendant les années de guerre bien sûr.

À chaque occasion, les membres de la base poussèrent la FSC à s’unir avec l’ASCC. En 1958, le conseil de district de Toronto sonda l’opinion de ses membres et organisa un référendum, au grand dam de l’exécutif national de la FSC. Les bulletins une fois dépouillés révélèrent que 1 239 personnes étaient en faveur de l’unité, contre seulement 79. Les choses commençaient à bouger.

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