Femmes, Vie , Liberté : Solidarité avec les femmes iraniennes

October 4, 2022 Women-Life-Freedom Demonstration on Parliament Hill in Ottawa

En cette Journée internationale de la femme, nous sommes frappés par le fait que les manifestants de plusieurs villes iraniennes continuent de lutter pour les droits des femmes. Le mouvement Femmes, Vie, Liberté (FVL) naît après l’assassinat de Mahsa Amini, détenue par l’État après son arrestation par la police des mœurs, le 16 septembre 2022. Nous avions prévu d’écrire sur les prisonniers politiques pris en otage par le régime de la République islamique depuis le début des manifestations il y a près de six mois ; cependant, le problème de cette entreprise est la difficulté d’obtenir des listes fiables. Le même problème survient dans le cas de l’hommage aux personnes tuées : comment s’assurer de n’oublier personne ? Quoi qu’il en soit, une chose est sûre : si l’on considère les nombres et les noms des morts, le nombre d’enfants tués par le régime au cours de ces manifestations est particulièrement déchirant. Au 1er janvier, le Centre pour les droits de la personne en Iran a indiqué que les Forces des gardiens de la révolution avaient tué au moins 573 personnes, dont plus de 70 enfants. Qu’en est-il des blessés ? Par exemple, des douzaines de personnes ont été aveuglées par les forces de sécurité qui visent les yeux des manifestants avec leurs armes à feu. Comme si cela ne suffisait pas en cette Journée internationale de la femme, il est spéculé que les attaques contre les écolières à travers de l’Iran auraient été inspirées par l’État et perpétrées par des partisans du régime et des extrémistes religieux comme représailles contre les écolières qui « ont participé avec enthousiasme à de grandes manifestations contre l’État ». Au moins une écolière est décédée des suites de cet empoisonnement délibéré. Certes, le Guide suprême a récemment condamné les attaques contre ces jeunes filles innocentes, mais pour Ali Hosseini Khamenei, la parole ne coûte pas cher maintenant que près de 2 000 jeunes filles ont été empoisonnées. Pour rendre hommage à ces femmes et filles courageuses, ainsi qu’à leurs alliés, examinons la situation des droits des femmes en Iran et les revendications du mouvement WLF.

Femmes, Vie, Liberté: Origines

Le slogan « Femmes, Vie, Liberté » est issu du mouvement d’émancipation Kurde de la fin du vingtième siècle[1]. Mahsa Amini était une jeune femme Kurde de 22 ans qui rendait visite à son frère à l’école dans la capitale iranienne. La révolte actuelle peut être considérée à juste titre comme une continuation de la poussée du Mouvement vert de 2009. Les générations qui ont grandi sous le régime totalitaire de l’État islamique ont aspiré à la liberté et à la sécurité. Ces jeunes générations réclament les droits de la personne et l’équité pour les femmes, et pourquoi pas ? En fait, les mouvements et les manifestations contre le régime remontent à la révolution de 1979, notamment en ce qui concerne les droits des femmes, qui s’étaient améliorés sous le règne du dernier Shah d’Iran, Mohammad Reza Shah Pahlavi, et de son prédécesseur, Reza Shah Pahlavi. Ce dernier avait interdit tous les voiles islamiques, y compris le hijab et le tchador, le 8 janvier 1936. Difficile à croire, mais jusqu’à son abdication en 1941, « la police avait pour ordre d’enlever physiquement le voile à toute femme qui le portait en public. Les femmes qui refusaient étaient battues, leurs foulards et leurs tchadors arrachés et leurs maisons fouillées de force ». (L’Iran a une longue et sombre tradition de contrôle des femmes et de leur liberté de porter ou non des vêtements, en particulier sur la tête). Les droits des femmes avaient modérément progressé, en termes de droits et de libertés, dans les années qui ont précédé la révolution islamique de 1979 en Iran. Malgré la participation des femmes à la révolution de 1979 et l’espoir que cela améliorerait leurs droits et leurs opportunités, cela n’a pas été le cas. Au contraire, le gouvernement révolutionnaire a commencé à « réécrire les lois pour tenter de forcer les femmes à quitter leur lieu de travail en encourageant la retraite anticipée des employées du gouvernement, la fermeture des garderies, en imposant le port du voile intégral islamique dans les bureaux et les lieu ». Les actions du mouvement de résistance des femmes ont consisté à rester nombreuses sur le marché du travail et à défier l’habillement islamique en montrant leurs cheveux sous leur foulard (alors que le régime exige que les femmes aient les cheveux entièrement couverts depuis le décret du 7 mars 1979 de l’ayatollah Khomeini).

 

Le Mouvement vert de 2009 a appelé à des réformes, suite à ce que beaucoup considéraient comme une élection corrompue. Le slogan du mouvement vert était «Où est mon vote ?», un clin d’œil à la fraude perçue comme étant commise par le président au pouvoir, Mahmoud Ahmadinejad, et la révolte a été déclenchée principalement par les partisans de son opposant, l’ancien premier ministre Mir-Hossein Mousavi. Neda Agha-Soltan, martyre notable du mouvement de 2009, a été abattue par Abbas Kargar Javid, un milicien Basij du gouvernement, au nom des forces de la République islamique. Agha-Soltan était une étudiante en philosophie de 26 ans qui participait aux manifestations post-électorales de 2009 avec son professeur de musique et qui retournait à sa voiture lorsqu’elle a été mortellement atteinte d’une balle dans le haut de la poitr La révolution verte avait au moins trois leaders reconnus, deux politiques (Mir Hossein Mousavi et Mehdi Karroubi) et un spirituel (le grand ayatollah Hossein-Ali Montazeri). En revanche, le mouvement Femmes-Vie-Liberté de 2022-23 n’a pas de leader et est décentralisé.

 

La décentralisation du mouvement a rendu difficile la répression des manifestations par le Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) et par sa branche Basij. Et ce, malgré de nombreuses tentatives violentes qui ont fait des centaines de morts parmi les manifestants depuis le meurtre de Mahsa Amini, alors qu’elle était détenue par la police des mœurs du pays pour n’avoir pas porté correctement le hijab (voile) obligatoire. Le meurtre d’Amini a allumé les vapeurs de la colère et de l’agitation qui ne se sont jamais vraiment dissipées depuis le mouvement de 2009.

 

Depuis le déclenchement du mouvement WLF en septembre 2022, la jeunesse iranienne poursuit sans relâche son combat contre le régime. La jeunesse iranienne contemporaine est très instruite et a depuis longtemps accès aux technologies modernes de l’information grâce à l’avènement des communications par internet et des réseaux de médias sociaux, et ce malgré les tentatives du gouvernement de limiter la connectivité en bloquant les ressources et en restreignant sévèrement le débit de la bande passante pour l’utilisation civile de l’internet. De nombreux Iraniens, en particulier les jeunes, utilisent des RPV pour se connecter à des ressources restreintes et d’autres commencent à s’installer sur des fournisseurs de services internet non censurés tels que Starlink (qui transmet la connectivité internet à partir de satellites en orbite basse). Grâce à l’ingéniosité et à la détermination des participants à la révolte actuelle, chaque tentative de répression du gouvernement a été suivie d’une nouvelle vague de manifestations.

 

Les droits des femmes sont des droits de l’homme sont des droits de la personne humaine : l’Union canadienne des employés des transports croit aux droits des femmes et à l’égalité entre les sexes. En cette Journée internationale de la femme, nous profitons de l’occasion pour rendre hommage aux femmes (et oui, aux hommes) courageuses qui luttent pour les droits des femmes dans le monde entier, et surtout en Iran.

[1] https://www.newyorker.com/news/q-and-a/fatemah-shams-how-irans-hijab-protest-movement-became-so-powerful

***(AVERTISSEMENT RAPIDE : LES 2 BOUTONS AU-DESSUS DE CETTE LIGNE MÈNENT À DES SOURCES EXTERNES qui ne sont pas gérées par l’ucet).***

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