Par Kadé Rémy, conseillère en communication de la Fondation Michaëlle Jean

Le 21 mars est reconnu par les Nations Unies comme la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale. L’UCET a collaboré avec Kadé Rémy qui est la conseillère en communication de la Fondation Michaëlle Jean. Nous la remercions d’avoir partagé son point de vue avec nous.

Autant que je m’en souvienne, être une minorité, c’est-à-dire une fille très brune, faisait partie d’une identité canadienne marginale typique. Je ne me suis jamais vue comme une Canadienne à part entière – mais plutôt comme une Canadienne avec des racines d’immigrée. Cela m’a collé à la peau comme quelque chose de normal jusqu’à la naissance de mon fils, et m’a fait prendre conscience du peu que je savais. Mon identité canadienne n’est pas si simple.

Vous voyez, mon petit est biracial, né d’un père caucasien et d’une maman noire. La réalité m’a frappée : il vivra en tant que quatrième génération avec la pression de ce que devrait être un Canadien de couleur. Je suis devenue plus perceptive des nombreux préjugés invisibles et involontaires liés à la couleur de ma peau. Mon fils commence à vivre la même chose, ce qui n’était certes pas ce que je souhaitais pour lui, pour son avenir, même si Dieu le veut, pour ses enfants.

Nous avons décidé de l’élever ainsi qu’il… pas comme un Québécois, un Canadien ou un Haïtien à part entière, mais comme le petit qui est venu dans nos vies avec toute la vaillance que nous pouvions lui donner, de sorte qu’il devienne le nom avec lequel il est.

Vous voyez, mon petit garçon est biracial, avec un père caucasien et une maman noire. Cette réalité m’a frappé : il vivra comme une quatrième génération avec la pression de ce que devrait être une personne de couleur canadienne. Je suis devenue plus consciente des nombreux biais invisibles et non intentionnels de ma couleur de peau. Mon fils va commencer à avoir les mêmes expériences, ce que je ne souhaitais pas pour lui, pour son avenir, ou même si Dieu le veut, pour ses enfants.

Nous avons décidé de l’élever comme lui. Pas comme un Québécois, un Canadien ou un Haïtien à part entière mais comme le petit qui est entré dans nos vies avec toute la force qu’on pouvait lui donner, alors il devient le nom avec lequel il est né.

À la lumière des dernières années, avec de plus en plus de preuves découvertes par les médias sociaux, un outil inhérent de destruction massive, sur la cruauté et la dénaturation du racisme, la protection de nos enfants « noirs et bruns » compte le plus.

Je deviens plus consciente. En savoir plus sur la situation des Noirs au Canada. J’ai porté ma lentille noire – chaque seconde de ma vie. Cela peut sembler être un fardeau – c’est parce que je devrais pouvoir vivre comme une personne normale, n’est-ce pas ? – Je n’étais plus timide pour être fière de qui je suis : une Canadienne noire née au cœur de Montréal. J’ai tout fait sans créer de confrontation. Juste faire savoir à ceux qui m’entouraient que j’étais au courant. Mon attitude était le miroir vers lequel mon fils pouvait se tourner.

Aujourd’hui, j’ai le privilège de travailler pour la Fondation Michaëlle Jean qui est la fière organisatrice du Sommet pancanadien des communautés noires, qui se tiendra à Halifax, N.-É. en juillet 2022. C’est un sommet appelant à un réel changement dans l’éradication de discrimination raciale. Et cette année, la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale se concentre sur «Des voix pour l’action contre le racisme» qui «soulignent l’importance de renforcer la participation et la représentation significatives et sûres du public dans tous les domaines de prise de décision pour prévenir et combattre la discrimination raciale».  .

On pourrait penser que le monde a changé depuis la mort de George Floyd. Laissez-moi vous dire que nous attendons toujours que le monde change. Regarder la situation en Ukraine montre comment le mot « réfugiés » ne s’applique qu’aux personnes de couleur, ce qui est la preuve que nous sommes dans une lutte constante. Nous ne sommes tout simplement pas des défaitistes. Nos attentes sont des engagements pour changer le récit.

Nous sommes tous Canadiens. À ce titre, nous partageons la responsabilité d’agir contre l’exclusion dont les effets ont un impact dévastateur et néfaste sur l’ensemble de la société. Ce n’est pas seulement aux marginalisés d’en supporter le fardeau.

Cette année, il ne pouvait y avoir de meilleur moment que le Sommet d’Halifax. Cette grande mobilisation appelle toutes les Voix Noires à se faire entendre et à agir dans un espace pacifique et courageux. Ces mouvements sont nécessaires et doivent exister pour que ces communautés et individus marginalisés puissent vivre leurs identités sans préjugés. Ces mouvements doivent être prolongés dans un monde dans lequel nous souhaitons tous vivre.

Nous avons des moyens, en tant que société canadienne, de mettre en place des ressources et des moyens pour encourager les gens à intensifier et à unir leurs voix contre le racisme, à se mobiliser contre toutes les formes et manifestations de discrimination raciale et d’injustice. Renforcer un espace courageux et sûr pour ceux qui s’expriment.

C’est mon souhait pour mon fils qui porte le nom d’Ezéchiel qui signifie Dieu est fort. Soyez fort, restez fort.

J’ai demandé ce que le 21 mars représente pour moi. C’est une journée de tous les jours.

Pour en savoir plus sur la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale, consultez le contexte sur le site Web des Nations Unies.

Contribuez au Fonds d’accessibilité pour ceux qui veulent s’exprimer. Faire un don, c’est aider le plus grand nombre possible à faire entendre leur voix et à participer au Sommet d’Halifax 2022.