L’édifice de l’AFPC : Audace, simplicité et élégance

En collaboration avec Ken Clavette

En cette matinée du samedi 21 décembre 1968, se déroulait au 233 de la rue Gilmour une activité suscitant l’attention du public — l’ouverture officielle du nouveau siège de l’Alliance de la Fonction publique du Canada (AFPC). Créé à peine deux ans plus tôt, un syndicat s’était doté d’une nouvelle demeure. Les dirigeant(e)s, les membres et le personnel, ainsi que les membres des Cameron Highlanders d’Ottawa, chargés de former une garde d’honneur, attendaient l’arrivée d’un invité spécial, le premier ministre Lester B. Pearson qui s’apprêtait à dévoiler une plaque et à inaugurer officiellement l’édifice de l’AFPC.

Cette tour elliptique de 12 étages au design unique est la vision de l’architecte Paul Schoeler (1929-2013). Né à Toronto, M. Shoeler a servi dans le First Special Service Force en 1943-44, où il a été blessé pendant la campagne d’Italie. De retour au Canada, il a étudié l’architecture à l’université McGill et a ensuite suivi une formation en urbanisme, dans le cadre de laquelle il a fait le tour de Terre-Neuve en bateau pour étudier ses communautés portuaires. Il arrive à Ottawa en 1954 pour travailler au ministère des Travaux publics, puis pour le cabinet Gilleland & Strutt avant de créer le sien, Schoeler & Heaton Architects. Il a fait partie de l’équipe d’architectes et de planificateurs qui a conçu la pyramide inversée ‘Katimavik’, au pavillon du Canada pour l’Expo 67 à Montréal.

Sa vision de la conception des bâtiments projetait ‘l’audace, la simplicité et l’élégance’. À l’intérieur de ses bâtiments, on y trouve souvent des touches d’art. Les portes sculptées des salles de conférence de l’AFPC, réalisées par James Henderson Boyd (1928-2002), témoignent de la conviction de Schoeler que l’art a sa place dans l’architecture. Connu sous le nom de ‘guerrier en kilt’, Boyd était un graveur et un enseignant à l’École d’art d’Ottawa et à l’Université d’Ottawa. Six de ses gravures font maintenant partie de la collection du Musée des beaux-arts du Canada.

En 1969, Boyd a déclaré au quotidien ‘Ottawa Journal’ qu’il avait passé quatre mois à travailler sur les trois entrées des salles de conférence du rez-de-chaussée. Il décrit son travail comme étant semi-abstrait. « Fondamentalement, le thème est celui de l’homme et du syndicalisme, mais les diverses facettes de son œuvre peuvent avoir de nombreuses significations. Il y a quelque chose pour les cadres, et l’ouvrier peut aussi en tirer quelque chose – chacun y lit ce qu’il veut. »

Paul Schoeler était également un activiste communautaire, ayant siégé à un comité de conception de bâtiments de la ville d’Ottawa dans les années 1970,où il y réclamait un plus grand contrôle de la conception des bâtiments par la Ville. « Ce qu’il faut, disait-il, c’est une ligne de défense contre les promoteurs avides d’argent, les architectes de pacotille, les matériaux de mauvaise qualité et les tours d’habitation construites sur la base de la spéculation… » De telles constructions étaient, selon lui, « produites pour faire de l’argent sans aucun sens de la responsabilité sociale envers la communauté. » Malheureusement pour Ottawa, les efforts de M. Schoeler pour que la ville exerce un plus grand contrôle n’ont pas été couronnés de succès et une grande partie du fléau qu’il avait prédit s’est matérialisée.

Se souvenant de leur long partenariat, M. Heaton a dit que « Paul n’aimait pas superviser la construction ». Mais pour ce qui est du bâtiment de l’AFPC : « C’était tout Paul. » Lors de l’inauguration, M. Heaton a décrit l’édifice comme étant « fonctionnel mais passionnant, aussi moderne qu’après-demain mais ancré dans une fondation solide – un monument aux progrès réalisés par l’AFPC ». Le maire d’Ottawa, Don Reid, déclara quant à lui que l’édifice « ajoute matériellement quelque chose à l’apparence de la ville et rehausse sa beauté architecturale moderne. »

On pourrait dire que Paul Schoeler était l’architecte de choix pour le mouvement syndical, ayant conçu l’ancien édifice du Congrès du travail du Canada, maintenant démoli, ainsi que le siège social d’Ottawa de la Fraternité canadienne des cheminots, employés des transports et autres ouvriers (FCCET&AO), maintenant fusionné avec un autre syndicat.

L’édifice a reçu un prix de l’Ordre des architectes de l’Ontario lors de sa construction. Puis, en 2000, l’Institut royal d’architecture du Canada a choisi la tour de l’AFPC comme l’un des 500 meilleurs bâtiments produits au Canada au cours du dernier millénaire.

L’entrepreneur général de la construction était Thomas Fuller Construction, petit-fils de l’architecte Thomas Fuller (182-1898) qui a conçu et construit les premiers édifices du Parlement qui ont brûlé en 1916. Au cas où vous vous poseriez la question, le bâtiment contient quelque 500 000 briques, ce qui lui confère son aspect distinctif.

 

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