Le Mois de l’histoire des Noirs – L’histoire de Marie-Josèphe Angélique

Pour terminer le Mois de l’histoire des noirs, l’UCET désire prendre de temps de revenir au tout début des rébellions dans les années 1700. Le Canada a fait partie des pays qui ont eu recours à l’esclavage.  Dans les années 1600, on recensait 4 200 esclaves en Nouvelle-France (les deux tiers étaient des Autochtones et l’autre tiers, des Noirs). À la fin des années 1700, les Britanniques avaient fait venir 3 000 autres travailleurs non rémunérés au Canada[1]. Marie-Josèphe Angélique était l’une de ces esclaves et nous voulons prendre le temps de vous raconter son histoire.

Née à Madère au Portugal, en 1705, elle arrive à Montréal à l’âge de 20 ans pour être l’esclave de Thérèse de Couagne de Francheville, mais nous avons peu de détails sur les 20 premières années de sa vie. La première propriétaire de Marie-Joseph Angéline la vend à François Poulin de Francheville qui meurt en 1733. C’est alors qu’elle devient la propriété de la veuve de François, avec laquelle Marie-Josèphe Angélique habite pendant neuf ans. Elle accouche entre temps de trois enfants dont aucun ne survit à la petite enfance. Selon certaines rumeurs qui couraient à l’époque, un autre esclave et elle-même auraient été forcés par leurs propriétaires à produire des enfants.

Durant ces neuf années difficiles, Marie-Josèphe Angélique a également un amant, Claude Thibault qui était un travailleur engagé blanc. En décembre 1733, elle demande à Madame de Francheville d’avoir sa liberté, ce qu’elle lui refuse. Marie-Josèphe Angélique, alors fortement contrariée par la décision de sa maîtresse, se rebelle pour devenir une femme libre, une situation source de menaces et de violentes disputes.

Elle répond à sa maîtresse, la menace de la tuer en la « rôtissant », se dispute avec les autres serviteurs de la maison, menace également de les « rôtir » et rend la vie tellement insupportable pour sa collègue Marie-Louise Poirier que celle-ci démissionne[2].

En 1734, Madame de Francheville vend Angélique à François-Étienne Cugnet. Durant les mois d’hiver, la maîtresse ne pouvait pas envoyer les esclaves par bateau immédiatement. Quand Marie-Josèphe Angélique apprit qu’elle serait vendue, elle menace de déclencher un incendie dans la maison de Francheville. Elle décide alors, avec son amant Claude Thibault, de planifier sa fuite et de retourner au Portugal.

Peu de temps après, le couple met le feu au lit d’Angélique dans la résidence d’Alexis Monière, où Madame de Francheville les avait logés de façon temporaire. Ils essayent de fuir et de trouver un premier bateau en route vers la Nouvelle-Angleterre. Aucun bateau ne levant les voiles en direction de l’Europe, Claude et Marie-Josèphe sont capturés deux semaines après leur fuite par la police près de Chambly. Claude Thibault est emprisonné et Marie-Josèphe Angélique rendue à sa propriétaire.

Déterminée à retrouver sa liberté, elle affirme que si elle ne l’obtient pas elle brûlera alors la résidence de sa maîtresse. Le soir du samedi 10 avril 1734, une grande partie de Montréal, dans le quartier des marchands, est détruite par le feu. Au moins 46 édifices, dont la plupart sont des résidences, brûlent, en plus du couvent et de l’hôpital de l’hôtel-Dieu de Montréal. À la suite de ces événements, Marie-Josèphe Angélique est accusée d’incendie criminel. Plusieurs témoins affirment que c’était bien Angélique qui aurait mis le feu. Après un procès de six semaines, l’un des plus spectaculaires du 18e siècle au Canada, Angélique est déclarée coupable et condamnée à mort. Elle va se faire couper les mains, puis être brûlée vive. Ce qu’il faut savoir c’est que tout au long de son procès elle affirme ne pas avoir déclenché cet incendie. Le matin du 21 juin 1734, sous l’effet de la torture elle avoue avoir mis le feu, mais refuse de nommer Claude Thibault comme complice.

Marie-Josèphe Angélique a marqué l’histoire qui regorge de toutes sortes de récits d’horreurs que les esclaves ont vécues au Canada sur une période de plus de 200 ans. Il n’a jamais été prouvé avec certitude qu’elle était bien la coupable de cet incendie. Il est possible que ce ne soit pas Angélique qui en a été la responsable, mais être esclave, noire, pauvre et étrangère faisait d’elle la cible idéale. Après deux tentatives pour obtenir sa liberté, Marie-Josèphe Angélique est devenue un symbole de résistance. En février 2012, la place publique en face de l’hôtel de ville de Montréal est nommée Place Marie-Josèphe Angélique en son honneur. En outre, un livre a été écrit afin de raconter son histoire The Hanging of Angélique, 2006.

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[1] https://syndicatafpc.ca/lhistoire-ouvriere-noirs-personnalites-faits?_ga=2.73777106.1730077832.1645719728-1476688755.1636553290

[2] https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/marie-joseph-angelique

***(AVERTISSEMENT RAPIDE : LES 2 BOUTONS AU-DESSUS DE CETTE LIGNE MÈNENT À DES SOURCES EXTERNES qui ne sont pas gérées par l’ucet).***

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